Triptyque [Z] vient après le basculement. La doublure bleue et la mue des corps en signes (calligraphiques) ont signé le renversement. Passage du diurne au nocturne, du réel au virtuel. Ce ne sont pas les personnes qui vont vers le paysage, c’est le paysage qui vient vers elles, vers nous. Qui aspire et renvoie, dévore et n’anéantit pas. Le travail de n+n corsino anticipe depuis des années une réflexion autour des rapports humains-environnements. En travaillant sur les mutations et les porosités des représentations (et de leurs espaces), toutes les philosophies des origines (et des naturalités) tombent d’elles-mêmes, laissant place à l’exploration de nouveaux champs de relations. Triptyque [Z] comme DragonFly sont de nouvelles fables pour l’humain.

Dans ce monde virtuel, les personnages sont de vraies nouvelles personnes – c’est peut-être la vraie morphose, garder sa liberté d’évolution (le mouvement du vivant), dans un univers recomposé. Il ne s’agit pas d’opposer l’artificiel au naturel, mais de faire l’hypothèse du vivant comme universel.
Le paysage peut-il se passer de l’humain ? Les rapports d’échelle sont inversés. Palmes immenses, boules de feu, météorites-fleurs géantes, méduses-parachutes, surgissent de tous côtés, tandis que deux silhouettes dessinent, inscrivent, séparément, leur geste d’être vivant et résilient.
Le même et l’autre, telle est la personne, dans une altérité qui ne reproduit pas mais se projette. Lorsque n+n corsino ont commencé à travailler avec la représentation clonée des corps, ils ont agrandi le champ de la création et cela leur permet aujourd’hui de challenger les questions qui hantent les sciences de la vie (entre autres).
Sur les écrans de Triptyque [Z], la nature artificielle est proliférante, explosive, imprévisible. La voix humaine a déserté la composition sonore, une atmosphère inquiétante et sourde met en tension l’ouïe, une bascule de caméra invente de nouveaux équilibres. Dans une géométrie implacable, la lumière ondoie et coupe le souffle par la beauté des changements qu’elle opère.
Claudine Galea

Générique

conception et chorégraphie : Nicole Corsino, Norbert Corsino
danseurs : Kim Bo Ra,  Kim Jae Duk
scénographie 2D / 3D : Patrick Zanoli
clones : Anaël Seghezzi   
création musicale : Jacques Diennet